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[1650] MÉMOIRES

croire qu’il ne fût envoyé pour jouer le second acte de la pièce, qui n’avoit pas réussi à M. de Candale. J’observai toutes ses démarches, et j’eus lieu de me confirmer dans mon opinion. Je m’en ouvris à mademoiselle de Chevreuse, mais je ne trouvois pas qu’elle me répondît à ma mode. Je me fâchai : on m’apaisa ; je me remis en colère ; et mademoiselle de Chevreuse me disant devant lui, pour me plaire et pour le picoter, qu’elle ne concevoit pas comme on pouvoit souffrir un impertinent : « Pardonnez-moi, mademoiselle, repris-je ; on fait quelquefois grâce à l’impertinence, en faveur de l’extravagance. » Le seigneur étoit, de notoriété publique, l’un et l’autre. Le mot fut trouvé bon et bien appliqué ; on se défit de lui en peu de jours à l’hôtel de Chevreuse, mais il se voulut aussi défaire de moi. Il aposta un filou appelé Grandmaison, pour m’assassiner. Le filou, au lieu d’exécuter sa commission, m’en donna avis. Je le dis à l’oreille à M. d’Aumale, que je trouvai chez Monsieur, en y ajoutant ces paroles : « J’ai trop de respect pour le nom de Savoie, pour ne pas tenir la chose secrète. » Il me nia le fait, mais d’une manière qui me le fit croire, parce qu’il me conjura de ne le pas publier. Je le lui promis, et je lui ai tenu parole.

L’autre aventure fut encore plus rare. Vous jugez aisément, par ce que vous avez déjà vu de madame de Guémené, qu’il devoit y avoir beaucoup de démêlés entre nous. Il me semble que Caumartin vous en contoit un soir chez vous le détail, qui vous divertit un quart-d’heure. Tantôt elle se plaignoit à mon père comme une bonne parente ; tantôt elle en parloit à un