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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

Le tempérament que j’y apportai fut de laisser dans mon avis, qui paraîtrait favorable à messieurs les princes, une porte, laquelle le Mazarin et le premier président pussent croire que je me tinsse ouverte à dessein pour ne pas m’engager à les servir en particulier pour leur liberté. Je connoissois le premier président pour un homme tout d’une pièce ; et les gens de ce caractère ne manquent jamais de gober avec avidité toutes les apparences qui les confirment dans la première impression qu’ils ont prise. Je connoissois le cardinal pour un esprit qui n’eût pu s’empêcher de croire qu’il n’y eût eu une porte de derrière partout où il y avoit de la place pour la mettre. C’est presque jeu sûr, avec les hommes de cette espèce, de leur faire croire que l’on veut tromper ceux que l’on veut servir. Je me résolus, sur ce fondement, d’opiner le lendemain fortement contre les désordres de l’État, et de prendre mon thème sur ce que Dieu ayant béni les armes du Roi, et éloigné les ennemis de la frontière par la victoire de M. le maréchal Du Plessis, nous donnoit moyen de penser sérieusement aux maladies internes, qui sont les plus dangereuses. À quoi je fis dessein d’ajouter que je me croyois obligé d’ouvrir la bouche sur l’oppression des peuples, dans un moment où la plainte ne pouvoit plus donner d’avantage aux Espagnols, atterrés par la dernière défaite que l’une des ressources de l’État étoit la conservation des membres de la maison royale ; que je ne pouvois voir qu’avec une extrême douleur messieurs les princes dans un air aussi mauvais que celui du Havre ; et que je croyois que l’on devoit faire de