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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

prétexte d’un rhume, que personne ne l’entendit, pour avoir lieu, à mon avis, de donner par écrit un sanglant manifeste contre moi, que M. Du Plessis eut bien de la peine à lire ; mais la Reine le soulageoit en disant de temps en temps ce qui étoit sur le papier. En voici le contenu « Tous les rapports que le coadjuteur a faits au parlement sont faux, et controuvés par lui (Il en a menti ! voilà la seule parole que la Reine ajouta à l’écrit) : c’est un méchant et dangereux esprit, qui donne de pernicieux conseils à Monsieur. Il veut perdre l’État parce qu’on lui a refusé le chapeau et il s’est vanté publiquement qu’il mettra le feu aux quatre coins du royaume, et qu’il se tiendra auprès avec cent mille hommes qui lui sont engagés, pour casser la tête à ceux qui se présenteront pour l’éteindre. » L’expression étoit un peu forte, et je vous assure que je n’avois rien dit qui en approchât mais elle étoit assez propre pour grossir la nuée qu’on vouloit faire fondre sur moi, en la détournant de dessus la tête du Mazarin. On voit le parlement assemblé pour donner arrêt en faveur de messieurs les princes on voit Monsieur dans la grand’chambre déclaré personnellement contre le Mazarin et l’on s’imagine que la diversion, qui étoit nécessaire, se rendroit possible par une nouveauté aussi surprenante que seroit celle qui mettroit en quelque façon le coadjuteur sur la sellette, en l’exposant, sans que le parlement eût aucun lieu de se plaindre de la forme, à tous les brocards qu’il plairoit au moindre de la compagnie de lui donner. On n’oublia rien de tout ce qui pouvoit inspirer du respect pour l’attaque, et de tout ce qui pouvoit affoiblir la défense.