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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

mauvais temps, je n’ai point abandonné la ville ; dans les bons, je n’ai point eu d’intérêt en vue ; et dans les désespérés, je n’ai rien craint. Je demande pardon à la compagnie de la liberté que j’ai prise de sortir, par ce peu de paroles, du sujet de la délibération. Mon avis est de faire de très-humbles remontrances au Roi, et de le supplier d’envoyer incessamment une lettre de cachet pour obtenir la liberté de messieurs les princes, et une déclaration en leur faveur pour éloigner de sa personne et de ses conseils le cardinal Mazarin. Mon sentiment est aussi, messieurs, que la compagnie prenne la résolution, dès aujourd’hui, de s’assembler lundi pour recevoir la réponse qu’il aura plu à Sa Majesté de faire à messieurs les députés. »

Les frondeurs applaudirent à mon opinion ; le parti des princes la reçut comme l’unique voie pour leur liberté : l’on opina avec chaleur, et mon avis passa tout d’une voix. J’assurerois au moins qu’il n’y en eut pas trois de contraires.

On chercha long-temps mon passage, qui en latin a toute autre grâce qu’en français et même beaucoup plus de force. Le premier président, qui ne s’étonnoit de rien, parla de la nécessité de l’éloignement du cardinal selon toute la force de l’arrêt, et avec autant de vigueur que s’il avoit été proposé par lui-même mais habilement, finement, et d’une manière qui lui donna même lieu de l’alléguer à Monsieur, comme un motif d’accorder à la Reine l’entrevue qu’elle demandoit par M. de Brienne. Monsieur s’en excusant sur le peu de sûreté qu’il y avoit pour lui, le premier président insista, et même avec larmes ; et quand il vit