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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

d’envoyer une déclaration par laquelle les étrangers fussent à jamais exclus du conseil du Roi. Le premier président s’étant acquitté de cette commission sur les quatre heures du soir, la Reine lui dit qu’elle ne pouvoit faire de réponse qu’elle n’eût conféré avec M. le duc d’Orléans, auquel on envoya pour cet effet le garde des sceaux, le maréchal de Villeroy et Le Tellier. Il leur répondit qu’il ne pouvoit aller au Palais-Royal que messieurs les princes ne fussent en liberté, et que le cardinal ne fût encore plus éloigné de la cour.

Le 18, le premier président ayant fait son rapport au parlement de ce que la Reine avoit dit, Monsieur expliqua à la compagnie les raisons de sa conduite à l’égard de l’entrevue que l’on demandoit. Il fit remarquer que le cardinal n’étoit qu’à Saint-Germain, d’où il gouvernoit encore le royaume ; que son neveu et ses nièces étoient au Palais-Royal ; et il proposa que l’on suppliât très-humblement la Reine de s’expliquer si cet éloignement étoit pour toujours et sans retour. On ne peut s’imaginer jusqu’où alla l’emportement de la compagnie ce jour-là. Il y eut des voix à ordonner qu’il n’y auroit plus de favoris en France. Je ne croirois pas, si je ne l’avois ouï, que l’extravagance des hommes eût pu se porter jusqu’à cette extrémité. On passa enfin à l’avis de Monsieur, qui fut de faire expliquer la Reine sur la qualité de l’éloignement du Mazarin, et de presser la lettre de cachet pour la liberté des princes.

Ce même jour, la Reine assembla dans le Palais-Royal messieurs de Vendôme, de Nemours, d’Elbœuf, d’Harcourt, de Rieux, de L’Ile-Bonne, d’Epernon, de