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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

loit aux Cordeliers, où l’assemblée se tenoit, et se mettroit à sa tête pour recevoir les huissiers du parlement qui seroient assez hardis pour lui venir signifier son arrêt. Vous remarquerez, s’il vous plaît, que depuis le jour que le Palais-Royal fut investi, Monsieur étoit si persuadé de son pouvoir sur le peuple, qu’il n’avoit plus aucune frayeur du parlement. M. de Beaufort, qui entra dans le temps de cette conversation l’anima encore si fort qu’il se fâcha contre moi-même avec aigreur, et me reprocha que j’avois contribué à souffrir que l’on insistât à la déclaration contre les cardinaux français ; qu’il savoit bien que je ne m’en souciois pas, parce que ce ne seroit qu’une chanson, et même très-impertinente et très-ridicule, toutes les fois qu’il plairoit la cour mais que je devois songer à sa gloire, qui étoit trop intéressée à souffrir que les mazarins, c’est-à-dire ceux qui avoient fait leurs efforts pour soutenir ce ministre dans le parlement, se vengeassent de ceux qui l’avoient servi pour le détruire, en quittant sa personne pour attaquer sa dignité, en vue d’un homme en qui lui ; Monsieur, la vouloit faire tomber. M. de Beaufort, outré de ce que le président Perrault[1], intendant de M. le prince ; avoit dit la veille, dans la buvette de la chambre des comptes, qu’il s’opposeroit, au nom de son maître à l’enregistrement de ses provisions de l’amirauté ; M. de Beaufort, dis-je, n’oublia rien pour l’enflammer, et pour lui mettre dans l’esprit qu’il ne falloit pas laisser passer ces deux occasions sans éprouver ce que l’on devoit attendre de M. le prince, dont

  1. Président en la chambre des comptes, intendant de la maison de M. le prince. (A. E.)