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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

ment et uniquement à craindre, parce que la constitution des choses nous faisoit déjà voir plus que suffisamment que si nous l’échappions d’abord, nous ne serions pas long-temps sans en rencontrer de plus défavorables. Jugez, je vous prie, de la délicatesse de celui qui pouvoit unir contre nous l’autorité royale purgée du mazarinisme, et le parti de M. le prince purgé de la faction. Sur le tout, quelle sûreté en M. le duc d’Orléans ? Vous voyez que j’avois raison de songer à prévenir l’orage, et à nous faire un mérite de ce qui pouvoit nous l’attirer. Je fis mon ambassade à M. le prince. Je mis entre ses mains la prétention de mon chapeau ; je lui remis le mariage de mademoiselle de Chevreuse. Il s’emporta contre moi, il jura ; il me demanda pour qui je le prenois. Je sortis persuadé (et je le suis encore) qu’il avoit toute l’intention de l’exécuter.

Tout ce que je viens de vous dire de l’assemblée de la noblesse, des États-généraux, et de la déclaration contre les cardinaux tant français qu’étrangers fut ce qui remplit la scène depuis le 17 février 1651 jusqu’au 3 avril. Je n’en ai pas daté les jours, parce que je vous aurois trop ennuyée par la répétition. Elle fut continuée sans interruption dans le parlement sur ces matières. La cour chicana toutes choses, à son ordinaire elle se relâcha aussi de toutes choses, à son ordinaire. Elle fit tant par ses journées, que le parlement de Paris écrivit à tous les parlemens du royaume pour les exciter à donner arrêt contre le cardinal Mazarin, et ils le donnèrent ; qu’elle fut aussi obligée de donner une déclaration d’innocence à messieurs les princes, qui fut un panégyrique ;