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[1651] MÉMOIRES

qu’elle fut forcée de donner une déclaration par laquelle tous les cardinaux, tant français qu’étrangers, seroient exclus des conseils du Roi ; et le parlement n’eut pas de repos que le cardinal n’eût quitté Sedan et ne fût allé à Brulh, maison de l’électeur de Cologne. Le parlement faisoit tous ces mouvemens le plus naturellement du monde, s’imaginoit-il ; les ressorts étoient sous le théâtre : vous les allez voir.

M. le prince, qui étoit incessamment sollicité par la cour de s’accommoder, égayoit de jour en jour le parlement pour se rendre plus nécessaire à la Reine et à Monsieur. Et comme j’avois intérêt à tenir en haleine et en honneur la vieille Fronde, je ne m’endormois pas de mon côté. La Reine, dont l’animosité la plus fraîche étoit contre le prince, me faisoit parler dans le même temps qu’elle n’oublioit rien pour l’obliger à négocier. Le vicomte d’Autel, capitaine des gardes de Monsieur, et mon ami particulier, étoit frère du maréchal Du Plessis-Praslin ; et il me pressa sept ou huit jours durant d’avoir une conférence secrète avec lui, pour affaire, me disoit-il, où il y alloit de ma vie et de mon honneur. J’en fis beaucoup de difficulté, parce que je connoissois le maréchal Du Plessis pour un grand mazarin, et le vicomte d’Aulel pour un bon homme très-capable d’être trompé. Monsieur, à qui je rendis compte de l’instance que l’on me faisoit, me commanda d’écouter le maréchal, en prenant de toutes manières mes précautions : et ce qui l’obligea à me donner cet ordre fut que le maréchal lui fit dire par son frère qu’il se soumettoit à tout ce qu’il lui plairoit, si ce qu’il me devoit dire n’étoit pas de la dernière importance à Son Altesse