Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

remit encore sur le même ton : et ce fut précisément ce qui abattit Monsieur, parce que voyant M. de Beaufort dans les sentimens de M. le prince, il crut que le peuple se partageroit entre lui et moi. Vous avez sans doute la curiosité de savoir le sujet qui obligea M. de Beaufort à cette conduite : vous serez bien étonnée quand vous le saurez. Ganseville, lieutenant de ses gardes, m’a dit depuis que madame de Nemours sa sœur, qu’il aimoit fort, l’avoit obligé par ses larmes plutôt que par ses raisons. ; dans une conversation qu’il eut l’après-dînée, à ne se point séparer de M. de Nemours, qui étoit inséparable de M. le prince et que ses efforts se firent de concert avec madame de Montbazon, qu’il prétendoit avoir été persuadée d’un côté par Vigneuil, et de l’autre par le maréchal d’Albret, qui tous deux s’accordoient en ce temps-là pour le désunir de la Fronde. Madame de Montbazon a toujours soutenu au président de Bellièvre qu’elle n’avoit jamais été de ce complot, et qu’elle fut plus surprise que personne quand M. de Beaufort lui dit le lendemain au matin ce qui s’étoit passé. Le président de Bellièvre ne faisoit aucun fonds sur tout ce qu’elle disoit, et particulièrement sur cette matière, où M. de Beaufort prit si mal son parti qu’il tomba tout d’un coup à rien. Vous le verrez par la suite, et que par conséquent madame de Montbazon avoit raison de ne pas prendre sur elle sa conduite. Gonzeville m’a souvent dit depuis que M. de Beaufort en fut au désespoir dès le lendemain. Je sais que Brillet, qui étoit son écuyer, a dit le contraire. Tout cela est incertain ; mais ce qui m’a paru de plus sur est qu’il me crut perdu, voyant la cour