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[1651] MÉMOIRES

il faut que je fasse réparation à Lyonne il a été trompé par Servien il n’y a point de sa faute en tout ce qui s’est passé et le pauvre homme est si fort affligé d’avoir été soupçonné, que je n’ai pu lui refuser la consolation qu’il m’a demandée, que ce soir il traite avec vous tout ce qu’il y aura à faire contre M. le prince. »

Je vous ennuierois si je vous racontois le détail qui avoit justifié M. de Lyonne dans l’esprit de la Reine : mais je me contenterai de vous dire, en général, que son absolution même ne me parut guère mieux fondée que les soupçons que l’on avoit pris de sa conduite au moins jusque là. Je dis jusque là, parce que vous allez voir que celle qu’il eut dans la suite marque un ménagement bien extraordinaire pour M. le prince. Mais de tout, ce que je vis en ce temps-là dans la plainte de la Reine contre Lyonne et Servien, sur le traité qu’ils avoient projeté pour le gouvernement de Provence, je ne puis encore ; à l’heure qu’il est, m’en former aucune idée dui aille à les condamner ou à les absoudre, parce que les faits mêmes qui ont été les plus éclaircis sur cette matière se trouvent dans une telle circonvolution de circonstances obscures et bizarres, que je me souviens qu’on s’y perdoit dans les momens qui en étoient les plus proches, Ce qui est constant, c’est que la Reine, qui m’avoit parlé, comme vous avez vu le dernier mai, de Servien et de Lyonne comme de deux traîtres, me parla du dernier, le 25 juin, comme d’un fort homme de bien ; et que le 28, elle me fit dire par la palatine que le premier n’avoit pas failli par malice ; que M. le cardinal étoit très-persuadé de son innocence. J’ai