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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

connu personne plus, incapable d’une action noire que M. le duc de Vitry.

Le lendemain du jour dans lequel ce que je viens de vous dire se passa, je reçus ce billet de Montrésor à quatre heures du matin, qui me prioit d’aller chez lui sans perdre un moment. J’y trouvai M. de Lyonne, qui me dit que la Reine ne pouvoit plus souffrir M. le prince, et qu’elle avoit des avis certains qu’il formoit une entreprise pour se rendre maître de la personne du Roi ; qu’il avoit envoyé en Flandre pour faire un traité avec les Espagnols ; qu’il falloit que lui où elle pérît ; qu’elle ne vouloit pas se servir des voies du sang ; mais que ce qui avoit été proposé par d’Hocquincourt ne pouvoit avoir ce nom, puisqu’il l’avoit assuré la veille qu’il prendrait M. le prince sans coup férir, pourvu que je l’assurasse du peuple. Enfin je connus clairement ; par tout ce que Lyonne me dit, qu’il falloit que la Reine eût été encore nouvellement échauffée ; et je trouvai, un moment après, que ma conjecture avoit été bien fondée car Lyonne m’apprit qu’Ondedei étoit arrivé avec un mémoire sanglant contre M. le prince, et qui devoit convaincre la Reine qu’elle n’avoit pas lieu d’appréhender la trop grande douceur de M. le cardinal. Lyonne me parut en son particulier très-animé, et au delà même de ce que la bienséance le pouvoit permettre. Vous verrez par la suite, que l’animosité de celui-ci étoit aussi affectée que celle de la Reine étoit naturelle.

Tout contribua ces jours-là à aigrir son esprit. Le parlement continua avec aigreur sa procédure criminelle contre le Mazarin, qui se, trouvoit convaincu, par les registres de Cantarini, d’avoir volé neuf mil-