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[1651] MÉMOIRES

fort longue conversation deux jours après sur le même sujet, en étoit aussi étonnée de même que vous le pouvez être. Ne doit-on pas admirer après cela l’insolence des historiens vulgaires, qui croiroient se faire tort s’ils laissoient un seul événement dans leurs ouvrages dont ils ne démêlassent pas tous les ressorts, qu’ils montent et qu’ils relâchent presque toujours sur des cadrans de colléges ?

L’avis que Lyonne fit donner à M. le prince ne demeura pas secret : je l’appris le même jour à huit heures du soir par madame de Pommereux, à qui Flamarin l’avoit dit, et qui l’avoit aussi informée par quel canal il avoit été porté. J’allai en même temps chez madame la palatine, qui en avoit déjà été instruite d’ailleurs, et qui me dit une circonstance que j’ai oubliée, mais qui étoit toutefois très-considérable, autant que je m’en puis ressouvenir, à propos de la faute que la Reine avoit faite de se confier à Lyonne. Je sais bien que madame la palatine ajouta que la première pensée de la Reine, après avoir reçu la dépêche de Brulh, dont je vous ai déjà parlé, fut de m’envoyer querir dans le petit oratoire à l’heure ordinaire ; mais qu’elle n’avoit osé, de peur de déplaire à Ondedei, qui lui avoit témoigné quelque ombrage de ces conférences particulières. La trahison de Lyonne étourdit tellement ce même Ondedei, qu’il ne fut plus si délicat, et qu’il pressa lui-même la Reine de me commander de l’aller trouver la nuit suivante.

J’attendis Gabouri devant les Jacobins, le rendez-vous du cloître, qui étoit connu de Lyonne, n’ayant pas été jugé sûr. Il me mena donc dans la petite ga-