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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

lerie, qui, par la même raison fut choisie au lieu de l’oratoire. Je trouvai la Reine dans un emportement extraordinaire contre Lyonne mais qui ne diminuoit néanmoins rien de celui qu’elle avoit contre M. le prince. Elle revint encore à la proposition d’Hocquincourt, à laquelle elle donnoit toujours un air innocent. Je la combattis avec fermeté, en lui soutenant que le succès ne pouvoit l’être. Sa colère alla jusqu’aux reproches, et jusqu’à me témoigner de la défiance de ma sincérité. Je souffris ces défiances et ces reproches avec le respect et la soumission que je lui devois, et je lui répondis simplement ces propres paroles : « Votre Majesté, madame, ne veut pas le sang de M. le prince et je prends la liberté de lui dire qu’elle me remerciera de ce que je m’oppose à ce qu’il soit répandu contre son intention. Il le seroit, madame, avant qu’il soit deux jours, si l’on prenoit les moyens que M. d’Hocquincourt propose. » Imaginez-vous, je vous prie, que le plus doux auquel il s’étoit réduit, c’étoit de se rendre maître, à la petite pointe du jour du pavillon de l’hôtel de Condé, et de surprendre M. le prince au lit. Considérez, je vous prie si ce dessein étoit praticable sans massacre, dans une maison toute en défiance et contre l’homme du plus grand courage qui soit au monde. Après une contestation fort vive et fort longue, la Reine fut obligée de se contenter que je continuasse de jouer le personnage que je jouois dans Paris « avec lequel j’ose, lui dis-je, vous promettre, madame, que M. le prince quittera le pavé à Votre Majesté ou que je mourrai pour son service et ainsi mon sang effacera le soupçon qu’Ondedei vous