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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

veille des reproches des mesures qu’il gardoit avec M. le prince, « après ce qu’il avoit fait, lui dit-elle, sans ce que je ne vous ai pas encore dit. » Vous remarquerez, s’il vous plaît, qu’elle ne s’en est jamais expliquée plus clairement ce qui me fait croire que ce n’étoit rien. Monsieur venoit de charger le maréchal de Gramont de toutes les douceurs et de toutes les promesses possibles touchant la sûreté de M. le prince car ce fut l’après-dînée de ce même jour, 7 juillet que le maréchal de Gramont fit le voyage de Saint-Maur dont je vous ai parlé ci-dessus : voyage qui avoit été concerté la veille avec la Reine. Monsieur crut donc qu’ayant fait d’une part ce que la Reine avoit désiré, et prenant de l’autre avec M. le prince tous les engagemens qu’il lui pourvoit donner pour sa sûreté ; il s’assuroit ainsi lui-même des deux côtés. Voilà justement où échouent toutes les âmes timides : la peur, qui grossit toujours les objets, donne du corps à toutes leurs imaginations ; elles prennent pour forme tout ce qu’elles se figurent en pensée de leurs ennemis, et elles tombent presque toujours dans des inconvéniens très-effectifs, par la frayeur qu’elles prennent de ceux qui ne sont qu’imaginaires.

Monsieur vit, le 6 au soir, dans l’esprit de la Reine, des dispositions s’accommoder avec M. le prince, quoiqu’elle l’assurât du contraire ; et il ne pouvoit ignorer que l’inclination de M. le prince ne fût de s’accommoder avec la Reine. La timidité lui fit croire que ces dispositions produiroient leur effet dès le huitième ; et il fit dès le septième, sur ce fondement, qui, étoit faux, des pas qui n’auroient pu être judicieux que supposé que l’accommodement eût été