Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/324

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je pense au ministère ; et M. le cardinal s’est accoutume à ces paroles : Il veut ma place. Est-il possible madame, que l’on me croie assez impertinent pour m’imaginer qu’on puisse devenir ministre par la faction, et que je connoisse si peu la fermeté de Votre Majesté pour croire que je conquerrai sa faveur par les armes ? Mais ce qui n’est que trop vrai est que ce qui se dit ridiculement du ministère se fait réellement à l’égard des autres prétentions que chacun a. M. le prince vient d’obtenir la Guienne : il veut Blaye pour M. de La Rochefoucauld ; il veut la Provence pour monsieur son frère. M. de Bouillon veut Sedan ; M. de Turenne veut commander en Allemagne ; M. de Nemours veut l’Auvergne ; Viole veut être secrétaire d’État ; Chavigny veut demeurer en son poste ; et moi, madame, je demande le cardinalat. S’il plaît à Votre Majesté de se moquer de toutes nos prétentions, et de les régler absolument selon ses intérêts et selon ses volontés, elle n’a qu’à renvoyer pour une bonne fois M. le cardinal en Italie rompre tous les commerces que les particuliers conservent avec lui, effacer de bonne foi les idées qui restent de son retour, et qui se renforcent même tous les jours ; et déclarer ensuite qu’ayant bien voulu donner au public la satisfaction qu’il a souhaitée de l’éloignement du cardinal, elle croit qu’il est de sa dignité de refuser aux particuliers les grâces qu’ils ont demandées ou prétendues sous ce prétexte. Nul ne perdra plus que moi, madame, à cette conduite qui révoque ma nomination d’une manière qui sera agréée généralement de tout le monde.