Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/344

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l’ombre de l’autorité à la régente, et en satisfaisant en même temps le public par une aggravation, pour ainsi parler, contre le cardinal, que je proposai en même temps, et que je m’assurois même de faire agréer à la Reine. Madame la palatine m’avoit dits qu’elle avoit vu, dans une lettre écrite par le cardinal à la Reine, qu’il la supplioit de ne rien refuser, de ce qu’on lui demanderoit contre lui, parce qu’il étoit persuadé que le plus que l’on désireroit, après l’excès, auquel on s’étoit porté, tourneroit plutôt en sa faveur qu’autrement ce qu’il y auroit d’esprits modérés ; et parce qu’il convenoit assez à son service que l’on amusât les fâcheux (c’étoit son mot) à des clabauderies, qui ne pouvoient plus être que des répétitions fort inutiles. Je ne tenois pas pour bien juste ce raisonnement de M. le cardinal mais je m’en servis, pour former la conduite que j’eusse souhaité que Monsieur eût voulu prendre, et je raisonnois ainsi : « Si Monsieur concourt à l’exclusion des sous-ministres, il fait apparemment le compte de M. le prince, en ce qu’il obligera peut-être la Reine à accorder à M. le prince tout ce qu’il lui demandera. Il ne fera pas le sien du côté de la cour, parce qu’il outrera, de plus en plus la Reine, et qu’il outrera de plus ceux qui l’approchent. Il ne le fera pas non plus du côté du public : car comme il le dit lui-même, M. le prince l’a gagné de la main ; et comme c’est lui qui a fait le premier la proposition de se défaire de ces restes du mazarinisme il en aura la fleur de la gloire : ce qui dans le peuple est le principal. Voilà donc un grand inconvénient, qui est celui de faire à la Reine une peur dont M. le prince peut