Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/348

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tous les esprits sages et modérés qu’il ne veut pas souffrir que, sous prétexte du Mazarin, l’on continue tous les jours à donner de nouvelles atteintes à l’autorité royale. »

Voilà ce que je conseillai à Monsieur ; voilà ce que je lui donnai par écrit avant que de sortir de chez lui ; voilà ce qu’il porta à Madame, qui étoit au désespoir de ce qu’il s’étoit engagé avec M. le prince ; voilà ce qu’il approuva de toute son ame ; et voilà toutefois ce qu’il n’osa faire, parce que n’ayant pas douté, comme je vous l’ai déjà dit, que M. le prince ne s’accordât avec la cour, il lui avoit promis à jeu sûr, à ce qu’il croyoit par cette raison, de se déclarer avec lui contre les sous-ministres. Il l’avoua à Madame encore plus en détail qu’il ne me l’avoit expliqué. Ce que je pus tirer de lui fut qu’il donnât sa parole à la Reine qu’il s’emploieroit fidèlement auprès de M. le prince, pour l’empêcher de pousser sa pointe contre les trois susnommés ; et que s’il n’y pouvoit réussir, et qu’il fût contraint de parler contre eux, il déclareroit en même temps à M. le prince que ce seroit pour la dernière fois ; et que la Reine demeurant dans les termes de la parole donnée pour l’éloignement de M. le cardinal, il ne se sépareroit plus de ses intérêts. Madame, qui aimoit M. Le Tellier, et qui étoit très-fâchée, par cette raison et par beaucoup d’autres, que Monsieur ne fit pas davantage, lui fit promettre qu’il feroit le malade le lendemain, dans la vue de retarder l’assemblée des chambres, et de se donner par ce moyen le temps de l’obliger à quelque chose de plus. Aussitôt qu’elle eut obtenu ce point, elle le fit savoir à la Reine, en lui mandant en même temps