Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/355

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bler les contradictoires en contentant tout le monde.

Talon ayant pris ses conclusions, qui pour cette fois ne répondirent pas à la fermeté qui lui étoit ordinaire (car elles parurent plutôt un galimatias affecté qu’un discours digne du sénat) ; on commença à opiner. Il y eut deux avis ouverts d’abord. L’un fut celui des conclusions, qui alloient à remercier la Reine des nouvelles assurances qu’elle avoit données que l’éloignement du Mazarin étoit pour jamais, et à la prier de donner quelque satisfaction à M. le prince. Voilà ce que je viens d’appeler galimatias. L’autre avis fut de Deslandes-Payen, qui, quoique proche parent de M. de Lyonne déclama contre les trois sous-ministres, et opina à demander en forme leur éloignement. Vous jugez bien que je ne combattis pas son sentiment au Palais, quoique je l’eusse combattu dans le cabinet de Monsieur. Je mêlai dans mon avis certains traits qui servirent à me démêler de la multitude, c’est-à-dire qui me distinguèrent de ceux qui n’opinèrent qu’à l’aveugle contre le nom du Mazarin. Cette distinction m’étoit nécessaire à l’égard de la Reine : elle m’étoit bonne à l’égard de tous ceux qui n’approuvoient pas la conduite de M. le prince. Ils étoient en grand nombre dans le parlement ; et le bon homme Lainé même, conseiller de la grand’chambre, homme de peu de sens, mais d’une vie intègre, et passionné contre le Mazarin, ne laissa pas de se déclarer ouvertement contre la réquisition de M. le prince. Il soutint qu’elle étoit injurieuse à l’autorité royale. Cette circonstance, jointe à d’autres, obligea Monsieur de m’avouer le soir que j’avois mieux jugé que lui et que s’il se fût opposé à la proposition, comme je le lui