Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/357

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«[1] J’ai toujours été persuadé qu’il eût été à souhaiter qu’il n’eût paru dans les esprits aucune inquiétude sur le retour de M. le cardinal Mazarin, et que même on ne l’eût pas cru possible. Son éloignement ayant été jugé nécessaire par les vœux communs de toute la France, il semble que l’on ne puisse douter de son retour sans douter en même temps du salut de l’État, dans lequel il jetteroit assurément la confusion et le désordre. Si les scrupules qui paroissent sur ce sujet dans les esprits sont solides, ils produiront infailliblement cet effet si funeste ; et s’ils n’ont point de fondement, ils ne laisseront pas de donner une juste appréhension d’une très-dangereuse suite, par le prétexte qu’ils donneront à toutes les nouveautés.

Pour les étouffer tout d’un coup, et pour ôter aux uns l’espérance et aux autres le prétexte, j’estime qu’on ne sauroit prendre en cette matière d’avis trop décisifs ; et comme on parle de beaucoup de commerces qui alarment le public et qui inquiètent les esprits, je crois qu’il seroit à propos de déclarer criminels et perturbateurs du repos public ceux qui négocieront avec M. le cardinal Mazarin, ou pour son retour, en quelque sorte et manière que ce puisse être.

« Si les sentimens que Son Altesse Royale témoigna il y a quelques mois dans cette compagnie,

  1. Ce discours ou avis se trouve avec quelque différence dans les Mémoires de Joly. Suivant les Mémoires de ce dernier, le coadjuteur l’avoit composé avec Caumartin et Joly, qui connoissoit parfaitement les dispositions du parlement, et les biais qu’il falloit prendre en cette occasion. (A. E.)