Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/370

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ses efforts étoient inutiles sur l’esprit de la mère et sur celui de la fille, il les tourna sur moi, et fit tout ce qui étoit en son pouvoir pour m’obliger à remettre mon ressentiment à une autre fois. Il me tira même à part, pour me représenter avec plus de liberté la joie et le triomphe de mes ennemis, si je me laissois emporter à l’impétuosité de ces dames. Je lui répondis ces propres mots « J’ai tort, et par la considération de ma profession, et par celle même des affaires que j’ai sur les bras, d’être aussi engagé que je suis avec mademoiselle de Chevreuse ; mais j’ai raison, supposé cet engagement que j’ai pris, et sur lequel il est trop tard de délibérer, de chercher et de trouver la satisfaction dans la conjoncture présente. Je n’assassinerai pas M. le prince de Conti : elle n’a qu’à commander sur tout ce qui n’est pas poison ou assassinat. Ce n’est plus à moi à qui il faut parler. » Caumartin prit en même temps la vue que je viens de vous marquer, d’aller en triomphe au Palais, non pas comme une bonne vue, mais comme la moins mauvaise, vu la disposition de la dame. Il l’alla proposer à madame de Rhodes, qui avoit pouvoir sur son esprit : elle fut agréée. Les dames se trouvèrent, dans les lanternes le lendemain qui fut le jour de l’arrêt, avec plus de quatre cents gentilshommes, et plus de quatre mille des plus gros bourgeois. Ceux du bas peuple qui avoient accoutumé de clabauder dans la salle s’éclipsèrent de frayeur et M. le prince de Conti, qui n’avoit point été averti de cette assemblée, dont les ordres furent donnés et exécutés avec un secret qui tint du prodige, fut obligé de passer avec de grandes révérences devant madame