Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/378

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paroles qui consommèrent tout le temps de la séance. On se leva, et M. le prince retourna à Saint-Maur, d’où il envoya Chavigny à Monsieur lui faire des plaintes beaucoup plus fortes et même plus aigres que celles qu’il lui avoit faites la veille : car j’ai oublié de vous dire que lorsque Monsieur lui eut déclaré qu’il faisoit état d’aller passer quelques jours à Limours, il n’avoit pas témoigné en être beaucoup fâché. Je ne sais ce qui l’obligea à changer de sentiment : mais je sais qu’il en changea, et qu’il fit presser Monsieur par Chavigny de revenir à Paris, à un tel point qu’il l’y obligea. Il m’envoya Jouy en montant en carrosse, pour me commander de dire à la Reine qu’elle verroit par l’événement que ce retour étoit pour son service. Je m’acquittai fidèlement de ma commission ; mais comme Jouy m’avoit dit que Chavigny n’avoit persuadé Monsieur que par la peur qu’il lui avoit faite de M. le prince, j’appréhendois que la continuation de cette peur ne l’obligeât à expliquer dans la suite ce service qu’il promettoit à la Reine d’une manière qui ne lui fût pas agréable ; et je jugeai à propos par cette raison de l’assurer du mien beaucoup plus fortement et plus positivement que de celui de Monsieur. Elle le remarqua, et elle y prit confiance : ce qui ne manque presque jamais à l’égard des offres qui font voir des effets prochains. C’est ce qu’elle dit à Monsieur, qui alla descendre chez elle à son retour de Limours, et qui le lui vouloit faire paroître comme un effet de la passion qu’il avoit de ménager et de modérer, disoit-il, les emportemens de M. le prince. Comme elle ne put le faire expliquer sur le détail de ce qu’il feroit dans cette vue au parlement le lendemain au matin,