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vorables que la cour donnoit mille fois par jour en faveur du Mazarin. Madame fit savoir dès le soir à la Reine ce qui s’étoit passé entre elle, Monsieur et moi ; et le premier président, à qui elle envoya sur l’heure M. de Brienne, lui manda qu’il seroit en effet à propos qu’elle envoyât le lendemain au matin une lettre de cachet au parlement, par laquelle elle lui ordonnât de l’aller trouver sur les onze heures par députés ; et qu’elle lui fît dire en sa présence, par M. le chancelier, qu’elle croyoit qu’ils dussent venir les jours passés chez M. le chancelier pour y travailler à la déclaration contre le cardinal Mazarin ; qu’elle ajoutât de sa bouche qu’elle avoit mandé les députés pour rendre le parlement dépositaire de la parole royale qu’elle donnoit à M. le prince, qu’il pouvoit demeurer à Paris en toute sûreté ; qu’elle n’avoit eu aucune pensée de le faire arrêter ; que les sieurs Le Tellier, Servien et Lyonne étoient éloignés pour toujours, et sans aucune espérance de retour. Voilà ce que le premier président envoya à la Reine par écrit, en priant M. de Brienne de l’assurer que, moyennant une déclaration de cette nature, il obligeroit M. le prince à se modérer. Il se servit de cette expression.

Le lendemain, qui fut le mardi 26 juillet, le parlement s’assembla. Sainctor, lieutenant des cérémonies, apporta la lettre de cachet. M. le premier président alla au Palais-Royal avec douze conseillers de chaque chambre. M. le chancelier parla comme je vous ai marqué ; la Reine s’expliqua comme je viens de vous dire. Monsieur s’en alla à Limours, disant qu’il n’en pouvoit revenir que le lundi d’après ; et M. le prince, qui avoit enrichi et augmenté de beaucoup sa livrée, <referenles/>