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trouva qu’il s’étoit très-bien défendu à la vérité sur ce dernier article, qui de soi-même n’étoit pas trop favorable ; Monsieur, dis-je, ne distingua pas que l’applaudissement de la compagnie n’alloit qu’à ce point : il crut que le gros approuvoit ce qu’il avoit dit du péril de sa personne ; il appréhenda d’être enveloppé dans ce soupçon, et il s’avança lui-même pour s’en tirer, et dit qu’il étoit vrai que les défiances de M. le prince n’étoient pas sans fondement ; que le mariage de M. de Mercœur étoit véritable ; que l’on continuoit à avoir beaucoup de commerce avec le Mazarin. Le premier président, qui vit que Monsieur appuyoit en quelque manière ce que M. le prince avoit dit du péril où il étoit dans le même discours par lequel il m’avoit désigné, crut qu’il m’avoit abandonné ; et comme il étoit beaucoup mieux intentionné pour M. le prince que pour moi, quoiqu’il le fût mieux pour la cour que pour lui, il se tourna brusquement du côté gauche, en disant : « Votre avis, M. le doyen ? » Il ne douta pas que dans une délibération dont la matière étoit la sûreté de M. le prince, il ne se trouvât beaucoup de voix qui me noteroient. Je m’aperçus d’abord du dessein, qui m’embarrassa beaucoup, mais qui ne m’embarrassa pas longtemps, parce que je me souvins de ce que M. de Guise (François)[1] fit dans ce même parlement, quand M. le prince de Condé (Louis)[2] y

  1. François de Lorraine, grand maître, grand chambellan et grand veneur. Poltrot le tua en trahison le 24 février 1563. (A. E.)
  2. Louis de Bourbon, premier du nom, septième fils de Charles de Bourbon duc de Vendôme, né en 1530. C’est à l’occasion de l’entreprise d’Amboise qu’il fut emprisonné à Orléans par la faction de la maison de Guise ; mais il fut absous en parlement en 1562, et tué au combat de Jarnac en 1569. (A. E.)