Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/386

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porta sa plainte contre ceux qui l’avoient porté sur le bord de l’échafaud sous le règne de François II. Il dit à la compagnie qu’il étoit prêt de se dépouiller de la qualité de prince du sang, pour combattre ceux qui avoient été la cause de sa prison ; et M. de Guise, qui étoit celui qu’il marqua, supplia le parlement de faire agréer à M. le prince qu’il eût l’honneur de lui servir de second dans ce duel. Comme j’opinois justement après la grand’chambre, j’eus le temps de faire cette réflexion, qui étoit d’autant meilleure que je jugeois bien que ce seroit proprement à moi à ouvrir les avis, parce que ces bons vieillards n’en portent jamais qui signifient quelque chose, lorsque l’on les fait opiner sur un sujet sur lequel ils ne sont pas préparés. Je ne me trompai pas dans ma vue. Le doyen exhorta M. le prince à rendre ses devoirs au Roi ; Broussel harangua contre le Mazarin ; Charon effleura un peu la matière, mais assez légèrement pour me donner lieu de prétendre qu’elle n’avoit pas été touchée, et pour dire, dans mon opinion, que je suppliois ces messieurs, qui avoient parlé avant moi, de me pardonner si je m’étonnois de ce qu’ils n’avoient pas fait assez de réflexion, au moins à mon sens, sur l’importance de cette délibération ; que la sûreté de M. le prince faisoit, dans la conjoncture présente, celle de l’État ; que les doutes qui paroissoient sur ce sujet donnoient des prétextes fâcheux dans toutes les circonstances. Je conclus à donner commission au procureur général pour informer contre ceux qui avoient donné des conseils pour arrêter M. le prince. Il se mit à rire le premier, en m’entendant parler ainsi. Presque toute la compagnie en fit de même. Je con-