Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/388

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Elle me commanda de l’aller trouver. Elle me chargea de conjurer Monsieur en son nom d’empêcher que l’on ne poussât cette affaire ; elle lui en parla elle-même les larmes aux yeux, et elle me marqua visiblement que ce qu’elle croyoit être plus personnel au cardinal étoit ce qui étoit et qui seroit toujours le plus sensible à elle-même. M. Le Tellier lui ôta cette fantaisie de l’esprit, en lui écrivant que c’étoit un bonheur que la faction s’amusât a cette bagatelle et qu’elle en devoit avoir de la joie, et d’autant plus qu’il seroit très-volontiers caution que ces mouvemens ne seroient qu’un feu de paille qui passeroit dans quatre jours et qui tourneroit en ridicule, parce que dans le fond on ne pouvoit rien faire de solide contre ce mariage. La Reine comprit enfin cette vérité, quoiqu’avec peine ; et elle consentit que M. de Mercœur vînt au Palais.

Ce qui s’y passa sur cette affaire le lundi 7 d’août et le jour suivant est si peu de conséquence, qu’il ne mérite pas votre attention. Je me contenterai de vous dire que M. de Mercœur répondit d’abord comme auroit fait Jean Doucet, dont il avoit effectivement toutes les manières et qu’à force d’être harcelé il s’échauffa si bien qu’il embarrassa cruellement Monsieur et M. le prince, en soutenant au premier qu’il l’avoit sollicité trois mois de suite à ce mariage et au second qu’il y avoit consenti positivement et expressément. La plus grande partie de ces deux séances se passa en négociations et en explications et dans la fin de la dernière on lut la déclaration contre le cardinal, qui fut renvoyée à M. le chancelier, parce qu’on n’y avoit pas inséré que le cardinal avoit