Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/469

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roient de toutes les défenses du parlement, si elles ne leur étoient signifiées par des huissiers qui eussent de bons mousquets et de bonnes piques ; ce conseiller, dis-je, du nom duquel je ne me souviens pas mais qui, comme vous voyez, ne parloit pas de trop mauvais sens, fut repoussé par un soulèvement général de toutes les voix, comme s’il eût avancé la plus sotte et la plus impertinente chose du monde et toute la compagnie s’écria, même avec véhémence, que le licenciement des gens de guerre n’appartenoit qu’à Sa Majesté.

Je vous supplie d’accorder, s’il est possible, cette tendresse de cœur pour l’autorité du Roi, avec l’arrêt qui, au même moment, défend à toutes les villes de donner passage à celui que cette même autorité veut rétablir. Ce qui est de plus merveilleux, c’est que ce qui paroît un prodige aux siècles à venir ne se sent pas dans le temps ; et que ceux même que j’ai vus raisonner depuis sur cette matière, comme je fais à l’heure qu’il est, eussent juré, dans les instans dont je vous parle, qu’il n’y avoit rien de contradictoire entre la restriction et l’arrêt. Ce que j’ai vu dans nos troubles m’a expliqué dans plus d’une occasion ce que je n’avois pu concevoir auparavant dans les histoires. On y trouve des faits si opposés les uns aux autres, qu’ils en sont incroyables mais l’expérience nous fait connoître que tout ce qui est incroyable n’est pas faux. Vous verrez encore des preuves de cette vérité dans la suite de ce qui se passa au parlement, que je reprendrai après vous avoir entretenue de quelques circonstances qui regardent la cour.

Il y eut contestation dans le cabinet, sur la manière