Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/471

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le premier. Ce qui décida, à ce que le maréchal de La Ferté m’a dit depuis, fut le sentiment de M. de Senneterre, qui écrivit fortement au cardinal pour l’appuyer, et qui lui fit même peur des expressions fort souvent très-fortes du premier président, lesquelles faisoient quelquefois, ajoutoit Senneterre, plus de mal que ses intentions ne pouvoient faire de bien. Cela étoit trop exagéré. Enfin le premier président sortit de Paris par ordre du Roi, et il ne prit pas même congé du parlement ; à quoi il fut porté par M. de Champlâtreux, assez contre son inclination. M. de Champlâtreux eut raison, parce qu’enfin il eût pu courre fortune, dans l’émotion qu’un spectacle comme celui-là eût pu produire. Je lui allai dire adieu la veille de son départ, et il me dit ces propres paroles : « Je m’en vais à la cour, et je dirai la vérité ; après quoi il faudra obéir au Roi. » Je suis persuadé qu’il le fit effectivement comme il le dit. Je reviens à ce qui se passa au parlement.

Le 29 décembre, les gens du Roi entrèrent dans la grand’chambre. Ils présentèrent une lettre de cachet du Roi, qui portoit injonction à la compagnie de différer l’envoi des députés qui avoient été nommés par l’arrêt du 13 pour aller trouver le Roi, parce qu’il leur avoit plus que suffisamment expliqué autrefois son intention. M. Talon ajouta qu’il étoit obligé, par le devoir de sa charge, de représenter l’émotion qu’une telle députation pourroit causer dans un temps aussi troublé. « Vous voyez, continua-t-il, tout le royaume ébranlé ; et voilà encore une lettre du parlement de Rouen qui nous écrit qu’il a donné arrêt contre le cardinal Mazarin, conforme au vôtre du 13. »