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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

crois, sans raillerie, que par le même principe elle se résolut à m’en faire part… Je m’aperçus que j’eusse mieux fait de l’être.

Justement, quatre ou cinq jours avant que le procès criminel commençât, mon médecin ordinaire se trouvant par malheur à l’extrémité, et un chirurgien domestique que j’avois étant venu à sortir de chez moi parce qu’il avoit tué un homme, je crus que je ne pouvois mieux m’adresser qu’au marquis de Noirmoutier, qui étoit mon ami intime, et qui avoit un médecin très-bon et très-affidé. Quoique je le connusse pour n’être pas secret, je ne pus m’imaginer qu’il ne le fût pas en cette occasion… Noirmoutier, qui étoit auprès d’elle, lui répondit : « Vous le trouveriez bien plus beau si vous saviez qu’il est si malade à l’heure qu’il est, qu’un autre que lui ne pourroit pas seulement ouvrir la bouche…… » À laquelle j’avois été obligé l’avant-veille, en parlant à elle-même, de donner un autre tour. Vous pouvez juger du bel effet que cette indiscrétion ou plutôt que cette trahison produisit…… ; mais je fus assez sot pour me raccommoder avec le cavalier, qui me demanda tant de pardons; et qui me fit tant de protestations, que j’excusai ou sa passion ou sa légèreté. Je crois plutôt la seconde : la mienne ne fut pas moindre de lui confier une place aussi considérable que le Mont-Olympe. Vous verrez ce détail dans la suite, et comment il fit justice à mon imprudence : car il m’abandonna et me trompa pour la seconde fois.

Le 29, nous entrâmes au Palais avant que messieurs les princes y fussent arrivés ; et nous y vînmes ensemble, M. de Beaufort et moi, avec un corps de