Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/103

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jolie qui étoit à elle, qui alloit à tout ; elle ne lui dura que six semaines, après lesquelles elle devint amoureuse de l’abbé Fouquet, jusqu’au point de l’épouser s’il eût voulu. Ce fut dans ce temps-là que madame de Chevreuse se voyant assez hors d’œuvre à Paris, prit le parti d’en sortir et de se retirer à Dampierre, sous l’espérance que Laigues, qui avoit fait un voyage à la cour, lui rapporta qu’elle y seroit très-bien reçue. Je déchargeai mon cœur à mademoiselle de Chevreuse, qui en vérité n’étoit pas fort gros ; et je ne laissai pas de faire accompagner la mère et la fille, et au sortir de Paris, et même à la campagne jusqu’à Dampierre, par tout ce que j’avois auprès de moi et de noblesse et de cavalerie. Je ne puis finir ce léger crayon que je vous donne ici de l’état où je me trouvois à Paris, sans rendre la justice que je dois à la générosité de M. le prince. Angerville, qui étoit à M. le prince de Conti vint de Bordeaux à dessein d’entreprendre sur moi ; au moins M. le prince le crut-il ou le soupçonna-t-il. J’ai honte de n’être pas plus éclairci de ce détail, parce qu’on ne le peut jamais assez être des bonnes actions, et particulièrement de celles dont on doit avoir de la reconnoissance. M. le prince le rencontrant dans la rue de Tournon lui dit qu’il le feroit pendre s’il ne partoit dans deux heures pour aller retrouver son maître.

Quelques jours après M. le prince étant chez Prudhomme qui logeoit dans la rue d’Orléans, et ayant enfilé dans la rue sa compagnie de gardes et un fort grand nombre d’officiers, M. de Rohan y arriva tout échauffé, pour lui dire qu’il me venoit laisser en beau débat ; que j’étois à l’hôtel de Chevreuse, très-mal