Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/117

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ce temps-là, du secret ni de la mère ni de la fille, comme vous avez vu ci-dessus, j’en fus assez instruit, malgré l’une et l’autre, pour vous pouvoir assurer pour certain ce que je vous en dis. La conduite que M. de Lorraine prit dès le lendemain, est une marque que je ne me trompe pas, ou du moins une preuve que M. de Lorraine ne fut pas long-temps content de lui-même à l’égard de cette action. Car, quoiqu’il eût soutenu d’abord à Monsieur qu’il lui avoit rendu un service signalé, en obligeant la cour à lever le siége d’Etampes, il me parut aussitôt après qu’il eut honte d’avoir fait ce traité, et que cette honte l’obligea à leur accorder ce qu’ils lui demandèrent : qui étqit de ne point s’en retourner encore, et de demeurer à Villeneuve-Saint-Georges, jusqu’à ce que les troupes sorties d’Etampes fussent effectivement en lieu de sûreté.

M. de Turenne, voyant que M. de Lorraine ne tenoit pas la parole qu’il avoit donnée de reprendre le chemin des Pays-Bas, marcha à Corbeil, à dessein d’y passer la Seine et de le combattre. Il y eut des allées et des venues en explication de ce qui avoit été promis ou non promis, pendant lesquelles l’armée lorraine se retrancha. M. de Turenne s’étant avancé avec celle du Roi, ayant passe la rivière d’Yerre, et s’étant mis en bataille en présence des Lorrains, l’on n’attendoit de part et d’autre, que le signal du combat, qui certainement eût été sanglant, vu la bonté des troupes qui composoient les deux armées : mais qui apparemment eût succédé à l’avantage des troupes du Roi, parce que les Lorrains n’avoient pas assez de terrain. Dans cet instant, que l’on peut appeler fatal, milord