Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/126

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même pour être plus proche de Paris, fit un pont de bateaux à Epinal, en intention de venir attaquer les ennemis avant qu’ils eussent le temps de se retirer. M. de Tavannes en eut avis, et il l’envoya dire aussitôt à M. le prince, qui se rendit au camp en toute diligence. Il se leva vers le soir, et marcha vers Paris à dessein d’arriver au jour à Charenton, d’y passer la Marne, et d’y prendre un poste dans lequel il ne pourroit être attrapé. M. de Turenne ne lui en donna pas le temps : car il attaqua son arrière-garde dans le faubourg Saint-Denis. M. le prince en fut quitte pour quelques hommes qu’il perdit du régiment de Conti ; et il manda à Monsieur, par le comte de Fiesque, qu’il lui répondoit qu’il gagneroit le faubourg Saint-Antoine, dans lequel il prétendoit qu’il auroit plus de lieu de se défendre. C’est en cet endroit où je regrette, plus que je n’ai jamais fait, que M. le prince ne m’ait pas tenu la parole qu’il m’avoit donnée de me donner le mémoire de ses actions. Celle qu’il fit en cette rencontre[1] est l’une des plus belles de sa vie. J’ai ouï dire à Laigues, qui est homme du métier, et qui ne le quitta point ce jour-là, qui pourtant étoit plus mécontent de lui que personne au monde, qu’il y eut quelque chose de surhumain dans sa valeur et dans sa capacité en cette occasion. Je serois inexcusable si j’entreprenois de décrire le détail de l’action du monde la plus grande et la plus héroïque, sur des mémoires qui courent les rues, et que j’ai ouï dire à des gens de guerre être très-mauvais. Je me conten-

  1. Celle qu’il fit en cette rencontre : Des détails très-étendus sur le combat de Saint-Antoine se trouvent dans les Mémoires de Mademoiselle, et dans ceux de La Rochefoucauld.