Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/133

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marquis de Sablière, mestre de camp du régiment de Valois, m’en donna cent des meilleurs hommes, commandés par deux capitaines du même régiment, qui étoient mes domestiques. Querieux m’amena trente gendarmes de la compagnie du cardinal Antoine, qu’il commandoit. Bussy-Lameth m’amena quarante hommes choisis de la garnison de Mézières. Je garnis tout mon logis et toutes les tours de Notre-Dame de grenades ; je pris mes mesures, en cas d’attaque, avec les bourgeois des ponts Notre-Dame et de Saint-Michel, qui m’étoient fort affectionnés. Enfin je me mis en état de disputer le terrain, et de n’être plus exposé à l’insulte.

Ce parti paroissoit plus sage que celui de l’aveugle sécurité dans laquelle j’étois auparavant. Il ne l’étoit pas davantage au moins par comparaison à celui que j’eusse choisi, si j’eusse su connoître mes véritables intérêts, et prendre l’occasion que la fortune me présentoit. Il n’y avoit rien de plus naturel, et à ma profession, et à l’état où j’étois, que de quitter Paris, après une émotion qui jetoit la haine publique sur le parti qui, dans ce temps-là, paroissoit m’être le plus contraire. Je n’eusse point perdu ceux des frondeurs qui étoient de mes amis, parce qu’ils eussent considéré ma retraite comme une résolution de nécessité. Je me fusse insensiblement rétabli, et sans presque qu’ils eussent pu s’en défendre eux-mêmes, dans l’esprit des pacifiques, parce qu’ils m’eussent regardé comme exilé pour une cause qui leur étoit commune. Monsieur n’eût pas pu se plaindre de ce que l’abandonnois un lieu où il paroissoit assez qu’il n’étoit plus le maître. M. le cardinal Mazarin même eût été obligé