Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/169

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M. le prince, et des troupes d’Espagne logées dans les faubourgs ; et qu’il offroit sans balancer, sans négocier, sans demander ni directement ni indirectement aucun avantage particulier, de se déclarer contre tous ceux qui s’opposeroient et à la paix et au retour du Roi à Paris, pourvu qu’on lui donnât pouvoir de promettre à M. le prince qu’on le laisseroit en paix dans ses gouvernemens, en renonçant de sa part à toute association avec les étrangers ; et que l’on envoyât une amnistie pleine, entière, et non captieuse, pour être vérifiée par le parlement de Paris.

Il eût été difficile de s’imaginer qu’une proposition de cette nature n’eût pas été, je ne dis pas reçue, mais applaudie ; parce que supposé même qu’elle n’eût pas été sincère (ce qu’ils pouvoient soupçonner, au moins selon leurs maximes corrompues), ils en eussent pu toutefois tirer leurs avantages en plus d’une manière. Ce qui me fit juger que ce ne fut pas la défiance qu’ils eurent de moi qui les empêcha d’en profiter, mais celle qu’ils avoient l’un de l’autre, fit qu’ils se regardèrent, et qu’il s’attendirent même assez long-temps qui s’expliqueroit le premier. La suite, et encore davantage l’air de la conversation qui ne se peut exprimer, me marquèrent plus que suffisamment que je ne me trompois pas dans ma conjecture. Je n’en tirai que des galimatias : et madame la palatine, qui, quoique très-connoissante de cette cour, en fut surprise au dernier point, m’avoua, le lendemain au matin qu’il y avoit beaucoup de ce que j’avois soupçonné : « quoiqu’à tout hasard, ajouta-t-elle, je sois résolue, si vous y consentez, de leur parler comme si j’étois persuadée que ce ne soit que la défiance qu’ils ont