Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/18

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n’en vint pas toutefois jusque là, soit qu’il fît réflexion sur mes engagemens qui ne lui étoient pas inconnus ; soit (et c’est ce qui m’en parut) que la peur qu’il avoit de se mettre dans la dépendance de M. le prince fût plus forte dans son esprit que celle qu’il venoit de prendre de ce contre-temps du parlement. Vous verrez la suite de toutes ces dispositions après que je vous aurai rendu compte de ce qui se passa à la cour en ce temps-là.

Je vous ai déjà dit, ce me semble, que M. de Châteauneuf avoit à la fin pris le parti de s’expliquer clairement avec la Reine contre le rétablissement du cardinal ; ce qu’il fit, à mon opinion, sans aucune espérance d’y réussir, et dans la seule vue de tirer mérite dans le public de sa retraite, qu’il voyoit inévitable, et qu’il étoit bien aise de faire au moins croire au peuple être la suite et l’effet de la liberté avec laquelle il avoit dissuadé le rappel du ministre. Il demanda son congé : il l’obtint.

M. le cardinal Mazarin arriva à la cour[1] ; où il fut reçu comme vous pouvez vous l’imaginer. Il y trouva M. Le Tellier, que M. de Châteauneuf et M. de Villeroy y avoient déjà fait revenir, pour je ne sais quelle fin dont on faisoit un mystère en ce temps-là, et le détail de laquelle je ne me puis remettre. Il détermina le Roi à prendre le chemin de Saumur, quoique beaucoup de gens lui conseillassent de marcher en Guienne pour achever de pousser M. le prince. Il crut qu’il étoit plus à propos d’opprimer d’abord M. de Rohan[2], qui, étant gouverneur d’Angers, s’é-

  1. Arriva à la cour : Le 28 janvier 1652. Le Roi, instruit qu’il approchoit de Poitiers, fit deux lieues pour aller au devant de lui.
  2. Henri