Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/184

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liberté, comme d’un pas de clerc. Il me répondit : « Cette députation n’est qu’une chanson : qui ne sait que l’hôtel-de-ville ne peut rien ? M. le prince me l’a demandé ; il croit que cela lui sera bon pour adoucir les esprits aigris par le feu de l’hôtel-de-ville mais de plus (voici le mot qui est à remarquer), qui sait si nous exécuterons la résolution que nous avons faite pour la députation de l’Église ? Il faut aller au jour la journée en ces diables de temps, et ne pas tant songer à la cadence. » Cette réponse vous explique ce me semble, mon galimatias. En voici un autre exemple. Le Roi ayant refusé, comme vous allez voir, cette députation de l’hôtel-de-ville, le bonhomme Broussel, qui eut scrupule de souffrir que son nom fût allégué comme un obstacle à la paix, alla déclarer, le 24, à l’hôtel-de-ville qu’il se départoit de sa magistrature. Comme j’en fus averti d’assez bonne heure pour l’empêcher de faire cette démarche, je l’allai dire à Monsieur qui pensa un peu, puis il me dit : « Cela nous seroit bon si la cour avoit bien répondu à nos bonnes intentions ; mais je conviens que cela ne nous vaut rien pour le présent. Mais il faut aussi que vous conveniez que si elle revient à elle, comme il n’est pas possible qu’elle demeure toujours dans son aveuglement, nous ne serions pas fâchés que ce bonhomme fût hors de là. » Vous voyez en ce discours l’image et l’effet de l’incertitude. Je ne vous rapporte ces deux exemples que comme des échantillons d’un long tissu de procédés de cette nature, desquels Monsieur, qui avoit assurément beaucoup de lumières, ne pouvoit se corriger. Il faut encore avouer que la cour ne lui