Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne tenoit qu’à vous de faire la guerre ; vous voulez la guerre, quand vous ne pouvez plus faire ni la guerre ni la paix. — Je ferai demain la guerre, reprit Monsieur d’un ton guerrier, et plus facilement que jamais. Demandez-le à M. le cardinal de Retz. » Il croyoit que je lui allois disputer cette thèse. Je m’aperçus qu’il le vouloit, pour pouvoir dire après qu’il auroit fait des merveilles, si on ne l’avoit retenu. Je ne lui en donnai pas lieu, car je lui répondis froidement et sans m’échauffer : « Sans doute, monsieur. — Le peuple n’est-il pas toujours à moi ? reprit Monsieur. — Oui, lui repartis-je. — M. le prince ne reviendra-t-il pas, si je le mande ? ajouta-t-il. — Je le crois, monsieur, lui dis-je. — L’armée d’Espagne ne s’avancera-t-elle pas si je le veux ? — Toutes les apparences y sont, lui répliquai-je. » Vous attendez après cela, ou une grande résolution, ou du moins une grande délibération : rien moins ; et je ne saurois mieux vous expliquer l’issue de cette conférence, qu’en vous suppliant de vous ressouvenir de ce que vous avez vu quelquefois à la Comédie italienne. La comparaison est peu respectueuse, et je ne prendrois pas la liberté de la faire si elle étoit de mon invention ; ce fut Madame elle-même à qui elle vint dans l’esprit aussitôt que Monsieur fut sorti du cabinet, et elle la fit moitié en riant, moitié en pleurant. « Il me semble, dit-elle, que je vois Trivelin qui dit à Scaramouche : « Que je t’aurois dit de belles choses, si tu avois eu assez d’esprit pour me contredire ! » Voilà comment finit la conversation. Monsieur concluant que bien qu’il fût très-fâcheux que le Roi vînt à Paris sans concert avec lui et sans une amnistie vérifiée au parlement,