Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/197

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il n’étoit pas toutefois de son devoir ni de sa réputation de s’y opposer, parce que personne ne pouvoit ignorer qu’il ne le pût s’il le vouloit et qu’ainsi tout le monde lui feroit justice en reconnoissant qu’il n’y avoit que la considération et le repos de l’État qui l’obligeât à prendre une conduite qui, pour son particulier, lui devoit faire de la peine. Madame, qui dans le fond étoit pourtant de son avis, au moins pour l’opération, par les raisons que vous avez vues ci-devant, ne lui put laisser passer pour bonne cette expression. Elle lui dit avec fermeté et même avec colère : « Ce raisonnement, monsieur, seroit bon à M. le cardinal de Retz, et non pas à un fils de France ; mais il ne s’agit plus de cela, et il ne faut songer qu’à aller de bonne grâce au devant du Roi. » Il se récria à ce mot, comme si elle lui eût proposé de s’aller jeter dans la rivière. « Allez-vous-en donc, monsieur, tout à cette heure, reprit-elle. — Et où diable irai-je ? répondit-il. » Il se tourna à ce mot, et rentra chez lui, où il me commanda de le suivre. Ce fut pour me demander si la palatine ne m’avoit rien fait savoir du retour du Roi. Je lui dis que non, comme il étoit vrai ; mais il ne fut pas vrai long-temps car une heure après j’en reçus un billet, qui portoit que la Reine lui avoit commandé de m’en faire part, et de m’écrire que Sa Majesté ne doutoit point que je n’achevasse en cette occasion ce que j’avois si bien et si heureusement commencé à Compiègne. Madame la palatine me faisoit beaucoup d’excuses, dans un billet séparé et écrit en chiffre, de ce qu’elle m’en avoit donné l’avis si tard. Vous connoissez le terrain, ajouta-t-elle : on est à Saint-Germain comme à Compiègne. » C’étoit assez