Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/240

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Je n’étois pas si attaché aux moyens de me tirer moi-même de la tour de Vincennes, que je ne pensasse aussi à ceux qui pouvoient obliger mes ennemis à m’en tirer. L’abbé Charier, qui partit pour Rome dès le lendemain que je fus arrêté, y trouva le pape Innocent irrité jusqu’à la fureur, et sur le point de lancer les foudres sur les auteurs d’une action sur laquelle les exemples des cardinaux de Guise et d’autres marquoient ses devoirs. Il s’en expliqua avec un très-grand ressentiment à l’ambassadeur de France. Il envoya M. Marini archevêque d’Avignon, en qualité de nonce extraordinaire, pour ma liberté. Le Roi prit de son côté l’affaire avec hauteur ; il défendit à monsignor Marini de passer à Lyon. Le Pape craignit d’exposer son autorité et celle de l’Église à la fureur d’un insensé. Il usa de ce mot en parlant à l’abbé Charier, et en lui ajoutant : « Donnez-moi une armée, et je vous donnerai un légat. » Il étoit difficile de lui donner cette armée ; mais il n’eût pas été impossible, si ceux qui étoient obligés d’être mes amis en cette occasion ne m’eussent point manqué.

Vous avez vu dans le second volume de cet ouvrage que Mézières étoit dans mes intérêts par l’amitié que Bussy-Lameth avoit pour moi ; et que Charleville et le Mont-Olympe y devoient être, parce que M. de Noirmoutier tenoit ces deux places de moi. Vous avez vu aussi que ce dernier m’avoit manqué, lorsque M. le cardinal Mazarin rentra en France. Il crut se justifier, en disant à tout le monde qu’il me serviroit envers tous et contre tous en ce qui me seroit personnel ; et comme il y a peu de chose qui le