Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/241

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soit davantage que la prison, il se joignit publiquement avec Bussy-Lameth aussitôt que je fus arrêté ; et ils écrivirent ensemble une lettre au cardinal, par laquelle ils lui déclaroient qu’ils ne pourroient s’empêcher de se porter à toutes sortes d’extrémités, si l’on me tenoit plus long-temps en prison. Ces places, qui sont inattaquables quand elles sont d’un même parti, étoient d’une extrême importance dans un temps où M. le prince, qui, dès la première nouvelle qu’il eut de ma détention, déclara qu’il feroit sans exception tout ce que mes amis souhaiteroient pour ma liberté ; où M. le prince, dis je, offrit à ces deux gouverneurs de faire marcher toutes les forces d’Espagne à leur secours ; où Belle-Isle, dont M. de Retz étoit le maître, n’étoit pas à mépriser à cause de l’Angleterre, dont la France n’étoit nullement assurée en ce moment-là, et où Bordeaux et Brouage tenoient encore pour M. le prince. Beaucoup de gens sont persuadés qu’il y avoit de quoi former une affaire très-considérable, c’est-à-dire qu’il y avoit assez d’étoffe, et en ce que vous venez d’en voir, et en beaucoup de choses de cette nature par exemple en la disposition du comte d’Autel qui étoit dans Béthune, et qui auroit assurément branlé pour moi s’il eût vu la partie bien faite. Le malheur fut qu’il n’y eut personne qui sût bien tailler cette étoffe. M. le duc de Retz avoit bonne intention mais il n’étoit pas capable d’un grand dessein ; et de plus sa femme et son beau-père le retenoient. M. de Brissac, qui avoit eu commandement de se retirer chez lui, ne savoit primer en rien. M. le duc de Noirmoutier eût été le plus entreprenant ; mais il fut gagné d’abord par ma-