Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/249

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faire de vous, et de vous envoyer à Rome. Abus : elle veut in ogni modo votre démission. Quand je dis la cour, j’entends le Mazarin ; car la Reine est au désespoir que l’on pense seulement à vous tirer de prison. Le Tellier dit qu’il faut que le cardinal ait perdu le sens ; l’abbé Fouquet est enragé, et Servien n’y consent que parce que les autres sont d’un avis contraire. Il faut donc supposer comme incontestable qu’il n’y a que le Mazarin qui veuille votre liberté, et qu’il ne la veut que parce qu’il croit qu’il se venge suffisamment en vous faisant perdre l’archevêché de Paris. C’est au moins l’excuse qu’il prend ; car dans le fond ce n’est pas ce qui le détermine : ce n’est que la peur qu’il a, dans ce moment, du nonce, du chapitre, des curés, du peuple ; je dis dans ce moment de la mort de M. l’archevêque, qui tout au plus peut produire un soulèvement, qui, n’étant point appuyé, tombera à rien. Je soutiens de plus qu’il n’en produira point ; que le nonce menacera, et ne fera rien ; que le chapitre fera des remontrances, et qu’elles seront inutiles ; que les curés prôneront, et qu’ils en demeureront là ; que le peuple criera, et qu’il ne prendra point les armes. Je vois tout cela de près ; et que ce qui en arrivera sera d’être transféré ou au Havre ou à Brest, et de demeurer entre les mains et à la disposition de vos ennemis, qui en useront dans les suites comme il leur plaira. Je sais bien que le Mazarin n’est pas sanguinaire : mais je tremble quand je pense que Noailles vous a dit que l’on étoit résolu d’aller vite, et de prendre les voies dont d’autres États avoient donné tant d’exemples.