Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/324

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Ursin sur un reste de pension qui n’étoit que de mille écus, j’en informai M. le cardinal de Médicis assez à temps pour lui donner lieu de le gagner à une condition si petite, que, pour l’honneur de la pourpre, je crois que je ferois bien mieux de ne la point dire. Vous verrez dans la suite que nous nous servîmes encore avec plus de fruit de l’indisposition que M. le cardinal Bichi avoit pour lui, pour diviser et pour déconcerter encore la faction de France plus qu’elle ne l’étoit. Mais comme ce n’étoit pas celle que nous appréhendions le plus, quoique ce fût celle qui nous fût le plus opposée, nous n’avancions notre travail du côté qui la regardoit que subordonnément au progrès que nous faisions des deux autres, d’où nous craignions, et avec raison, de trouver plus de difficulté. Vous avez déjà vu les raisons pour lesquelles nous ne pouvions pas ignorer que l’Espagne et les Médicis donneroient malaisément à Chigi ; et vous avez aussi vu la manœuvre que nous faisions pour lever peu à peu, et même imperceptiblement, leurs indispositions. Je dis imperceptiblement, et ce fut là notre plus grand embarras ; car si Barberin se fût seulement le moins du monde aperçu que nous eussions eu la moindre vue pour Chigi, il nous auroit échappé infailliblement, parce qu’avec toute la vertu imaginable il a tout le caprice possible, et qu’il ne se fût jamais empêché de s’imaginer que nous le trompions sur le sujet de Sachetti. Ce fut proprement en cet endroit où j’admirai la bonne foi, la prévoyance, la pénétration et l’activité de l’escadron, et particulièrement d’Azolin, qui fut celui qui se donna le plus de mouvement. Il ne s’y fit pas un pas à l’égard de Barberin et de Sachetti, qui ne pût être