Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/343

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yeux, pour ne se pas mettre en état de se trouver inutile à un bien aussi public et aussi nécessaire que celui de la paix générale. Que direz-vous, quand vous saurez ce que de Lyonne m’a déclaré insolemment, depuis trois jours, sur ce que je vous ai donné le pallium, que la France ne me donneroit aucune part au traité dont l’on parle, et qui n’est pas si éloigné que l’on le croit ? Ce que je vous dis n’est pas que je veuille vous abandonner, mais seulement pour vous faire voir qu’il faut que je me conduise avec beaucoup de circonspection, et qu’il est bon que vous m’aidiez de votre côté, et que nous donnions tous deux al tempo. »

Si j’eusse voulu faire ma cour à Sa Sainteté je n’avois qu’à me retirer après ce discours, qui, comme vous voyez, n’étoit qu’un préparatoire à ne point recevoir la réponse que je demandois. Mais comme elle m’étoit absolument nécessaire et même pressée, parce que je me pouvois rencontrer à tous les instans dans l’embarras dont il s’agissoit, je ne crus pas que je dusse en demeurer là avec le Pape ; et je pris la liberté de lui repartir avec un profond respect, en lui représentant que peut-être au sortir du Vatican je trouverois dans la rue le cardinal d’Est, qui, n’étant que cardinal-diacre, devoit s’arrêter devant moi ; que je rencontrerois infailliblement des Français, dont Rome étoit toute pleine ; que je le suppliois de me donner ses ordres, avec lesquels je ne pourrois plus faillir, et sans lesquels je ne savois ce que j’avois à faire ; que si je souffrois que l’on ne me rendît pas ce que le cérémonial veut que l’on rende aux cardinaux, j’appréhendois que le sacré collége n’approu-