Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/348

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auroit pu faire. » Voilà un des articles de la lettre de Lyonne.

Je vous supplie d’observer que la conversation que j’eus avec le Pape, dont je viens de vous raconter le détail, ne fut précédée que de deux ou trois jours de celle que M. de Lyonne eut avec lui, et qui fut la matière de la lettre que vous venez de voir. Quand même elle ne fût pas venue à ma connoissance je n’eusse pas laissé de m’apercevoir de l’indisposition du Pape, dont j’avois non-seulement des indices, mais des lumières certaines. Monsignor Febei premier maître des cérémonies, homme sage et homme de bien, et qui, de concert avec moi, avoit servi le Pape très-dignement pour son exaltation, m’avertit qu’il le trouvoit beaucoup changé à mon égard, et, à un point, ajouta-t-il, que j’en suis scandalisé al maggior segno. Le Pape avoit même dit à l’abbé Charier qu’il ne comprenoit pas le plaisir qu’il prenoit à faire courir dans Rome le bruit que je gouvernois le pontificat. Le père Hilarion, bernardin, et abbé de Sainte-Croix de Jérusalem, qui étoit un des plus honnêtes hommes du monde, et avec lequel j’avois fait une étroite amitié, me conseilla, sur ce discours du Pape à l’abbé Charier, de faire un tour à la campagne sous prétexte d’y aller prendre l’air ; mais en effet pour lui faire voir que j’étois bien éloigné de m’empresser à la cour : Je suivis son avis, et j’allai un mois ou cinq semaines à Grotta-Ferrata, qui est à quatre lieues de Rome. C’étoit autrefois le Tusculum de Cicéron, et c’est présentement une abbaye de l’ordre de saint Basile. Elle est à M. le cardinal Barberin. Le lieu est extrêmement agréable, et il ne me paroît pas