Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

depuis que j’étois arrivé à Rome, et je trouvai que si j’avois été logé dans le Louvre à l’appartement de M. le cardinal Mazarin, il ne m’en auroit pas à beaucoup près tant coûté. Boisguérin seul, qui fut à la vérité fort malade à Saint-Cassien, et que j’y laissai avec ma litière et mon médecin, me coûta, en moins de quinze mois qu’il fut auprès de moi, cinq mille huit cents livres d’argent déboursé et mis entre ses mains. Il n’en eût peut-être pas tant tiré, s’il eût été domestique de M. le cardinal Mazarin. Sa santé l’obligea de changer d’air et de revenir en France, où il ne me parut pas depuis qu’il se ressouvînt beaucoup de la manière dont je l’avois traité. Je suis obligé de tirer, de ce nombre de murmurateurs domestiques, Malclerc qui a l’honneur d’être connu de vous, qui toucha de moi beaucoup moins que les autres, parce qu’il ne se trouva pas par hasard dans le temps des distributions. Il étoit continuellement en voyage, comme vous verrez dans la suite de cette narration ; et je suis obligé de vous dire pour la vérité que je ne lui vis jamais, dans aucune occasion, de mouvement de chagrin ni d’intérêt. L’abbé de Lameth, mon maître de chambre, qui n’a jamais voulu toucher un sou de moi dans tout le cours de ma disgrâce, étoit moins capable du dernier qu’homme que je connoisse ; son humeur naturellement difficultueuse faisoit qu’il étoit assez susceptible du premier, parce qu’il étoit échauffé par Joly, qui, avec un bon cœur et des intentions très-droites, a une sorte de travers dans l’esprit tout-à fait contraire à la balance qu’il est nécessaire de tenir bien droite dans l’économie ou plutôt dans la conduite d’une grande maison. Ce n’étoit pas sans peine