Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/381

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« C’est donc en vain qu’on veut couvrir la violence d’un procédé inouï et sans exemple par le sujet dont on le prétexte, c’est-à-dire par des accusations chimériques et imaginaires de crimes d’État, qui n’ont commencé à m’être publiquement imputées, pour me faire perdre l’exercice de ma charge, dont je jouissois par mes grands vicaires étant en prison, que depuis le jour qu’il a plu à Dieu de me rendre la liberté. Que si j’ai été évêque étant prisonnier, ne le suis-je plus étant à Rome ? Suis-je le premier prélat qui soit tombé dans la disgrâce de la cour, et qui ait été contraint de sortir hors du royaume ? Que si tous ceux à qui cet accident est arrivé n’ont pas laissé de gouverner leurs diocèses par leurs grands vicaires, selon la discipline inviolable de l’Église, quel est ce nouvel abus de la puissance séculière qui foule aux pieds toutes les lois ecclésiastiques ? Quel est cette nouvelle servitude et ce nouveau joug qu’on veut imposer à l’Église de Jésus-Christ, en faisant dépendre l’exercice divin de la puissance épiscopale de tous les caprices et de toutes les jalousies des favoris ?

« Feu M. le cardinal de Richelieu, n’étant encore qu’évêque de Luçon fut relégué à Avignon après la mort du maréchal d’Ancre ; et cependant, quoiqu’il fût hors du royaume, jamais on ne s’avisa de porter son chapitre à prendre le gouvernement de son évêché, comme si son siége eût été désert ; et ses grands vicaires continuèrent toujours de le gouverner en son nom et sous son autorité. Et n’avons-nous pas vu encore que feu M. l’archevêque de Bordeaux ayant été obligé de sortir de France et de se retirer au même