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Se sont uniquement aimées :
Il n’est pas resté pour un grain
De frondeur ni de mazarin.
    Samedi[1] la cour assemblée
Parut extrêmement troublée
D’apprendre que nos généraux
N’avoient été qu’en certains mots
Compris au traité pacifique,
Sans avoir fourni de réplique :
Vu que personne de leur part
N’avoit contesté pour leur part.
Si bien qu’en cette conjoncture
Il fut dit qu’avant la lecture
De ce qu’on avoit arrêté,
Derechef seroit député
Pour conférer des avantages
De ces illustres personnages,
Et de tous les intéressés,
Tant qu’ils eussent dit, C’est assez :
Qu’on supplierait le Roi de mettre
En une seule et même lettre.
    Ce jour on eut avis certain
Que monsieur Du Plessis-Praslin
Avoit, des troupes ennemies,
Fait un amas des mieux choisies
Pour s’opposer à l’archiduc,
Qui s’avançoit d’un pas caduc,
Et de qui la démarche lente
Ne donnoit pas moins d’épouvante.
    Le dimanche[2], les députés
En carrosse étoient jà montés
Quand lettre du Roi fut reçue
En termes absolus conçue,
Portant une interdiction
De faire députation,
Que les articles qu’apportèrent
Vendredi ceux qui conférèrent
N’eussent été vérifiés.
Sur quoi messieurs furent criés
Par l’insolente populace,
Qui les poussoit avec menace,
Disant tout haut : Je sons vendus ;
Je serons bientôt tous pendus,
S’il plaît au bon Dieu, ma commère.
C’est grand’pitié que la misère !
Ils avont signé notre mort ;
C’est fait de monsieur de Biaufort :
Guerre, et point de paix pour un double.
Mais, en dépit de ce grand trouble,
Il fut par messieurs résolu
Que le lendemain seroit lu
Le contenu desdits articles,
Et qu’avec paire de bésicles
On examineroit de près
S’ils portoient une bonne paix.
    Le lundi[3], la tête affublée,
Nos chefs étant en l’assemblée,
Lesdits articles furent lus,
Et la cour n’en fit point refus ;
Mais seulement, pour la réforme
De quelqu’un qui sembloit énorme,
Ordonna qu’on députeroit,
Et qu’ensemble l’on parleroit
Pour nos chefs, qui feraient écrire
Ce que chacun pour soi désire,
Pour être au traité de Paris
Tous les intéressés compris.
    Ce lundi, le courrier du Maine
Mit nos esprits hors de la peine
Ou long-temps ils auroient été,
Si le diable avoit emporté
Le sieur marquis de La Boulaye[4],
Qu’il assura pour chose vraie
Avoir paru vers ces quartiers
Avecque force cavaliers
Qui savoient mener le carrosse,
Et ne cherchoient que plaie et bosse.
Que le marquis de Lavardin
Fuyant devant eux comme un daim
Toute la Mancelle contrée

  1. 13 mars.
  2. 14 mars.
  3. 15 mars.
  4. La Boulaye, qui commandoit les cochers de Paris.