Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/474

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iram. Ce n’est pas sans sujet que Dieu vous a confié l’épée de sa justice : c’est pour venger sa cause, et pour punir les crimes que l’on commet contre sa divine majesté. La clémence est la vertu des rois, et sans elle les princes les plus légitimes ne sont presque point distingués des tyrans : mais elle perd son lustre et son mérite, quand elle est employée pour tirer des mains de la justice ces noirs et ces infâmes criminels qui se sont attaqués directement à leur Créateur. Saint Louis, par une grandeur de courage digne d’un héros véritablement chrétien, et contre les maximes de la fausse politique, pardonna au comte de La Marche déclaré rebelle, qui par un attentat étrange avoit porté les armes d’Angleterre dans le sein de la France contre son souverain ; et au même moment, contre toutes les règles de la fausse clémence, il fait percer la langue à des blasphémateurs, peut-être et sans doute moins coupables que ceux de notre siècle. La noble impatience que la Reine votre mère sent en son ame contre tout ce qui est péché ne lui permettra pas assurément d’attendre la paix pour remédier à ces désordres ; et c’est l’unique gloire, sire, que son amour lui permet de vous envier. Mais j’avoue que la charité chrétienne ne demande qu’avec peine et qu’avec regret la punition des crimes ; et qu’elle en souhaite plutôt la conversion. Ames impies et brutales, qui n’éclatez que par des blasphèmes, et qui toutefois éclatez ; qui ne cherchez de l’applaudissement que par des discours abominables, et qui toutefois en trouvez ; prévenez, par une, sévére pénitence, le châtiment exemplaire que la justice de Dieu et celle du Roi vous préparent ; et vous, gladiateurs, qui même avec faste vous sacrifiez vous-mêmes tous les jours au démon, dérobez vos têtes au supplice, et vos ames aux enfers.

Le grand ordre que saint Louis mit en son royaume attira sur lui les bénédictions du ciel : et comme la plus grande et la principale de toutes est l’amour de Dieu et la charité pour ses frères, il lui inspira ce vaste et pieux dessein de secourir les chrétiens de Jérusalem, opprimés par la tyrannie des barbares ; et d’affranchir de leur puissance ces lieux consacrés par la naissance et par la mort du fils de Dieu. Et véritablement c’est ici où la parole me manque ; c’est ici où, sans emprunter les figures de l’éloquence humaine, sans parler avec exagération, je