Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/531

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Certes, monseigneur, toutes ces choses, et une infinité d’autres qu’il seroit trop long de ramasser, sont celles qui vous ont donné cette haine et ce mépris général de tous les Français. Vos prétendus conseillers essaient de vous faire faire encore, en ce rencontre, un mauvais pas ; mais je vous avertis qu’il n’y a plus de ressource et, que l’on n’a jamais mis impunément en France les armes à la main du peuple, sur le fait de la religion.

Considérez aussi qu’un accommodement avec le cardinal de Retz sur le fait de son archevêché ne vous peut nuire. Croyez-vous qu’étant paisible dans son bénéfice il hasarde une seconde prison pour son retour dans Paris ? Craignez-vous que son titre lui donne quelque avantage sur la place que vous tenez, et puisse le remettre à votre préjudice dans les bonnes grâces de Sa Majesté ? Craignez-vous qu’il se serve du pouvoir que lui donne son caractère pour brouiller les affaires dans Paris ? Comme s’il n’étoit pas certain que pour lors vous auriez la justice de votre côté ; que vous opposeriez, aux mandemens extraordinaires de ses grands vicaires, ou aux siens, toute l’autorité du bras séculier qui en ce cas n’a que trop de force et de moyens pour réprimer les choses qui sont contre l’ordre et la tranquillité publique ! Au lieu qu’à présent la résistance que l’on apporte à son titre, qui ne lui peut être disputé, rend légitimes tous les ordres qui viennent de sa part ; aigrit de plus en plus l’esprit du Pape et celui des peuples, qui s’irritent toujours par l’opposition que l’on apporte aux choses qu’ils ont souhaitées, et qu’ils ont cru être raisonnables.

N’écoutez donc plus monseigneur les pernicieux conseils de ces confidens infidèles ; appréhendez que la main de Dieu, qui vous a miraculeusement tiré de tant de bourbiers où ils vous avoient précipité, ne soit enfin une main vengeresse qui s’arme contre vous pour la défense de ses autels, et la protection de son ministre.

Il ne sert de rien d’objecter au cardinal de Retz les crimes et les révoltes dont vous l’accusez. Comme ces mouvemens lui ont été communs avec tous les peuples du royaume, les parlemens et les compagnies souveraines de l’État, le reproche que vous lui en faites tourne bien plus dans leur esprit à son honneur et à son avantage, qu’à sa honte et à sa confusion.