Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en vérité plus par mes instances que par celles de Chavigny, qui croyoit toujours que je n’oubliois rien pour les retarder : car Monsieur répara bientôt, même avec soin, ce qu’il avoit laissé échapper dans la colère, parce qu’il lui convenoit (au moins se l’imaginoit-il ainsi) de me faire servir de prétexte quelquefois à ce qu’il faisoit, et presque toujours à ce qu’il ne faisoit point. Vous verrez quelle marche prirent ces troupes, après que je vous aurai rendu compte de ce qui se passa à Orléans dans ce même temps.

Il ne se pouvoit pas que cette importante ville ne fût très-dépendante de Monsieur, étant son apanage et de plus ayant été quelque temps son plus ordinaire séjour. D’ailleurs M. le marquis de Sourdis[1], qui en étoit gouverneur, étoit dans ses intérêts. Monsieur avoit envoyé outre cela M. le comte de Fiesque pour s’opposer aux efforts que M. Legras, maître des requêtes, faisoit pour persuader aux habitans d’ouvrir leurs portes au Roi, à qui, dans la vérité, elles eussent été d’une très-grande utilité. Messieurs de Beaufort et de Nemours, qui en voyoient encore de plus près la conséquence parce qu’ils avoient pris leurs, marches de ce côté-la, écrivirent à Monsieur qu’il y avoit dans la ville une faction très-puissante pour la cour, et que sa présence y étoit très-nécessaire. Vous croyez facilement qu’elle l’étoit encore beaucoup plus à Paris. Monsieur ne balança pas un moment, et tout le monde, sans exception fut de même avis sur ce point. Mademoiselle s’offrit d’y aller : ce que Monsieur ne lui accorda qu’avec beaucoup de peine, par la raison

  1. Charles d’Escoubleau, marquis de Sourdis, gouverneur de l’Orléanais ; mort en 1666, âgé de soixante-dix-huit ans. (A. E.)