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DE CONRART. [1652]

de son consentement que M. le prince traite ? — Oui, dit M. d’Orléans, c’est de mon consentement. — Mais est-ce aussi par vos ordres ? repartit le cardinal. — Oui, c’est par mon ordre, repartit le duc d’Orléans. Mon cousin n’a rien fait en cela que de concert avec moi ; j’ai su de jour en jour tout ce qu’il faisoit, et il ne s’est rien passé en cette affaire que ce que j’ai voulu, et que ce que je lui ai prescrit. » Après quoi le cardinal de Retz ne dit plus rien. Il ne laissa pas depuis de voir encore le duc d’Orléans ; mais M. le  prince demeura toujours maître de son esprit, par la crainte qu’il avoit que s’il se séparoit de lui il seroit perdu, et que la cour le mépriseroit. Néanmoins il ne put jamais l’amener au point de consentir à la paix sans que le cardinal Mazarin s’éloignât : et la fermeté qu’il faisoit paroître sur ce point témoignoit que le cardinal de Retz ne laissoit pas d’avoir encore quelque crédit, même assez considérable auprès de lui ; lui persuadant toujours que M. le prince vouloit que le cardinal Mazarin demeurât, afin que sous prétexte de cette obligation qu’il lui auroit, et par la crainte de le fâcher, il lui laissât faire dans le conseil et ailleurs tout ce qu’il voudroit, et qu’étant d’accord ensemble, ils compteroient Son Altesse Royale pour rien, et s’empareroient de l’autorité, qui lui est due privativement à tout autre, ou pour mieux dire qui n’est due qu’à lui.

Depuis ce qui arriva à l’hôtel-de-ville le 4 juillet, le cardinal de Retz ne sortoit plus de son logis, et se tenoit fort sur ses gardes. M. le prince faisoit courre le bruit qu’il vouloit se loger dans l’île Notre-Dame ;